Près de 1000 artefacts sauvés par un jeune citoyen sur le site du garage municipal

Le terrain de l'ancien garage municipal de Loretteville suscite des discussions depuis plusieurs années. En 2021, un processus de démolition a été lancé et l'année suivante, les travaux se terminent, laissant une plaine asphaltée parsemée de nids d'autruches. C'est alors que Thomas Bédard, un citoyen sensible à l'histoire locale, fait une découverte surprenante sur ce terrain qui semblait à première vue loin de receler un trésor.

En juillet 2022, Thomas informe la Société d'histoire de La Haute-Saint-Charles de la présence d'objets très anciens dans un trou causé par le passage de la machinerie lourde. La Société d'histoire contacte alors immédiatement la conseillère municipale du district de Loretteville – Les Châtels. Celle-ci organise rapidement un rendez-vous sur place en compagnie d'une archéologue de la Ville de Québec. Une déclaration est ensuite faite au ministère de la Culture et des Communications (MCC) conformément à la Loi sur le patrimoine culturel du Québec.

Selon la Loi sur le patrimoine culturel du Québec, toute personne découvrant un bien ou un vestige archéologique est tenue de le déclarer immédiatement au ministre de la Culture.

Lot d'artefacts qui ont été déclarés au MCC en 2022

Lors de sa visite sur le terrain, l'archéologue suggère que ces artefacts pourraient avoir été amenés par le biais de terre de remplissage utilisée lors de travaux antérieurs. Cette hypothèse est plausible étant donné que ces objets anciens ont été découverts à la surface. Cependant, la spécialiste pense qu'il serait pertinent de procéder à un inventaire avant le début des futurs travaux.

Plus d'un an plus tard, des travaux sur le terrain voisin ouvrent une grande fosse à la limite du terrain de l'ancien garage. Lors d'une visite sur place, Thomas découvre une grande quantité d'artefacts en danger, dont certains ont été détruits par la machinerie. Thomas décide alors de se consacrer à la préservation de ces artefacts, tout en s'efforçant de conserver le contexte archéologique du site. La Ville de Québec attendait en effet de connaître la nature des futurs travaux sur le terrain avant d'entamer toute surveillance archéologique.

Ces objets exposés à la surface, qui avaient malheureusement perdu une part de leur contexte archéologique, pouvaient tout de même témoigner de la riche histoire du terrain. C'est pourquoi j'ai pris l'initiative de récupérer les objets, d'en faire un inventaire et de les confier à la Société d'histoire.

Thomas Bédard • Lorettevillois


Thomas a aussi été incité par ses observations lors de plusieurs visites sur le site, où il a constaté que d'autres citoyens venaient pour s'amuser à briser des artefacts intacts. De plus, un enfant explorant le site se serait même blessé en manipulant des éclats de verre éparpillés sur le terrain.

Accumulation d'asphalte à la limite des deux terrains

Au cours des derniers jours, un deuxième signalement a été fait par un employé chargé des travaux de décontamination. Peu après, des représentants de la coopérative de travail en archéologie (GAIA) ont été envoyés sur place pour superviser les travaux en cours. Après une discussion avec GAIA, Thomas et quelques membres du conseil d'administration de la Société d'histoire, il a été décidé que la collection de près de 1000 artefacts récupérés par le jeune citoyen serait présentée à la Ville de Québec. Selon la responsable du dossier, l'initiative de Thomas était appropriée, compte tenu de la présence des objets à la surface. Le jeune homme, qui connaissait bien la législation, s’était contenté de sauver les objets exposés à un danger imminent.

Selon Archéo-Quebec, il est crucial de ne pas se lancer dans des fouilles archéologiques sans formation professionnelle, car les données précieuses peuvent être irrémédiablement perdues. Au Québec, il est illégal de faire des fouilles sans un permis. Lorsque vous découvrez un artefact, notez avec précision son emplacement et prenez des photos pour préserver son contexte scientifique et fournir une déclaration complète. Les artefacts n'ont pas de valeur marchande et leur commerce est interdit par la loi. De plus, les biens archéologiques appartiennent au propriétaire du terrain où ils ont été découverts.

Échantillon de la collection d'artefacts sauvés par Thomas Bédard

Mario Lussier, président de la Société d'histoire de La Haute-Saint-Charles, est ravi de la découverte de cette collection variée d'objets qui reflète les activités passées près de la rue Racine.

En tant qu'historien, j'ai parcouru des milliers de pages relatant l'histoire de Loretteville, mais je dois reconnaître que la rencontre avec des objets tels que ceux-ci est une expérience impressionnante.

Mario Lussier • Président de la Société d'histoire de La Haute-Saint-Charles


D'après l'historien, la salle Montcalm, construite au début des années 1900 sur ce terrain et plus tard remplacée par le garage municipal, était le principal lieu de rencontre des Lorettevillois avant l'édification du centre paroissial en 1948, aujourd'hui connu sous le nom d'édifice Denis-Giguère. Cette salle a également servi de chapelle temporaire après l'incendie qui a détruit la deuxième église de Loretteville. Elle a aussi hébergé le poste de pompiers et a été le site de nombreuses réunions des représentants du comté de Québec, Loretteville étant le chef-lieu de la municipalité.

Photo aérienne du site dans les années soixante (Collection de la Société d'histoire de La Haute-Saint-Charles / I008-213)

L'archéologue en charge du dossier espère convaincre le MCC d'attribuer un code Borden au site. Elle pense que certains objets pourraient jouer un rôle clé dans l'obtention de ce code, qui pourrait offrir une certaine protection au site et aux objets sauvés par Thomas. Ce dernier a également créé une carte interactive permettant de localiser chaque objet récupéré.

Extrait de la carte interactive conçue par Thomas Bédard qui répertorie un peu moins de 1000 points

Pour terminer, voici quelques artefacts exceptionnels qui font partie de la collection :